Toby Binder | Germany

Toby Binder was born 1977 in Esslingen/Germany and studied at the Stuttgart Academy of Art and Design. Soon his photography focused on social, environmental and political topics. Based in Argentina and Germany, he works both on assignments and personal long-term projects. He is mostly interested in topics of post-war and crisis situations as well as in the everyday life of especially young people from disadvantaged backgrounds.

Toby Binder est né en 1977 à Esslingen (Allemagne) et a étudié à l'Académie d'art et de design de Stuttgart. Sa photographie s'est vite concentrée sur des sujets sociaux, environnementaux et politiques. Basé en Argentine et en Allemagne, il travaille à la fois sur des missions et sur des projets personnels sur le long terme. Il s'intéresse surtout aux sujets de l'après-guerre et des situations de crise ainsi qu'à la vie quotidienne des jeunes en particulier issus de milieux défavorisés.

LIS : Which camera do you use ? Quel appareil-photo utilises-tu ?

TOBY : I still use my Mamiya 645 Pro TL quite often. A heavy, slow camera without autofocus and probably not everyone's cup of tea to use in the streets… But equipment is absolutely secondary for me, you just have to be able to get the photos you want with it.

TOBY : J'utilise encore assez souvent mon Mamiya 645 Pro TL. Un appareil lourd et lent sans autofocus, ce qui n'est probablement pas la tasse de thé de tout le monde pour faire de la photo de rue… Mais l'équipement est absolument secondaire pour moi, il faut juste pouvoir faire les photos que l'on veut avec le boitier qu'on a.

LIS : What brought you to photography ? Qu'est-ce qui t'a amené à la photographie ?

TOBY : When I studied graphic design, I realised quite quickly that I much rather want to document stories myself than layout those of others, just sitting at the computer. I have always been drawn to the streets and wanted to stray around. Somebody once called me a street dog, I like that !

TOBY : Lorsque j''étudiais le graphisme, j'ai réalisé assez rapidement que je préférais documenter moi-même des histoires plutôt que de mettre en formes celles des autres, assis simplement assis un ordinateur. J'ai toujours été attirée par la rue et j'ai voulu m'y aventurer. Quelqu'un m'a un jour traité de chien des rues, j'aime ça !

LIS : What are your favorite photographic themes or subjects ? Quels sont tes thèmes ou sujets favoris ?

TOBY : As a documentary photographer, you’re always watching out for situations you believe are important to bring into the light. I often find this in underprivileged groups. I want to use the opportunities that I have as a photographer to engage with people and bring about more understanding and solidarity. I have often had the experience of working with people who feel marginalised or forgotten by society. To give them visibility, to show that they are also part of our coexistence, is definitely a concern for me. I like to engage with people spending lots of time in long-term projects and show them with dignity.

TOBY : En tant que photographe documentaire, vous êtes toujours à l'affût des situations que vous jugez importantes à mettre en lumière. Je trouve souvent cela dans les groupes défavorisés. Je veux utiliser les opportunités que j'ai en tant que photographe pour m'engager avec les gens et apporter plus de compréhension et de solidarité. J'ai souvent eu l'expérience de travailler avec des personnes qui se sentent marginalisées ou oubliées par la société. Leur donner de la visibilité, montrer qu'ils font aussi partie de notre existence, c'est définitivement une préoccupation pour moi. J'aime m'engager avec des gens qui passent beaucoup de temps dans des projets à long terme et les montrer avec dignité.

LIS : You have published a book called 'Wee Muckers' which has the theme of youth in Belfast, how did this subject come to you ? Tu as publié un livre intitulé 'Wee Muckers' qui a pour thème la jeunesse à Belfast, comment ce sujet est-il venu ?

TOBY : t's a natural fact that the future belongs to the youth and yet they are often rarely heard. Many political and social decisions are made by the elderly. Therefore, it is important to me to draw attention to the perspective of young people – in many projects around the world. 

I have been documenting the daily life of teenagers in British working-class communities for almost two decades. After the Brexit referendum in 2016 I focused this work on Belfast in Northern Ireland. There was a serious concern that Brexit would threaten the Peace Agreement of 1998 that ended the armed conflict between Protestant Unionists and Catholic Nationalists who live in homogeneous neighborhoods that are divided by walls till today. There were fears that old conflicts could break out again. And tensions have actually increased recently since the British government could never really solve problems like the Irish Sea Border issue. "If I had been born at the top of my street, behind the corrugated-iron border, I would have been British. Incredible to think. My whole idea of myself, the attachments made to a culture, heritage, religion, nationalism and politics are all an accident of birth. I was one street away from being born my ‘enemy’." Paul McVeigh, Belfast-born novelist. I have been photographically accompanying the same young people – on Protestant and Catholic side – for more than 5 years now. But early, probably already on my first trip to Belfast in 2006, I made the experience that everyday life of these working-class kids is just so similar. They have the same problems like unemployment, drug abuse, violence, they drink the same beer, hear the same music, wear the same clothes and have the same haircuts. And of course many political decisions affect both in the same way as it’s not a question of religion but more of social injustice. But it seems difficult to get beyond old behavioral patterns, the conflict is still deep in society and contacts between young people are scarce, as only 7% of the students go to integrated schools. My project shows the growing up of these teenagers on their way to adulthood over a long period of time.

TOBY : C'est un fait naturel que l'avenir appartient aux jeunes et pourtant on les entend souvent rarement. De nombreuses décisions politiques et sociales sont prises par les personnes âgées. Par conséquent, il est important pour moi d'attirer l'attention sur la perspective des jeunes – dans de nombreux projets à travers le monde.

Je documente la vie quotidienne des adolescents des communautés ouvrières britanniques depuis près de deux décennies. Après le référendum sur le Brexit en 2016, j'ai concentré ce travail sur Belfast en Irlande du Nord. On craignait sérieusement que le Brexit ne menace l'accord de paix de 1998 qui a mis fin au conflit armé entre les unionistes protestants et les nationalistes catholiques qui vivent dans des quartiers homogènes divisés par des murs jusqu'à aujourd'hui. On craignait que d'anciens conflits n'éclatent à nouveau. Et les tensions ont en fait augmenté récemment puisque le gouvernement britannique n'a jamais vraiment pu résoudre des problèmes comme la question de la frontière maritime irlandaise. "Si j'étais né en haut de ma rue, derrière la frontière en tôle ondulée, j'aurais été britannique. Incroyable à penser. Toute l'idée que je me fais de moi-même, les attachements à une culture, un héritage, une religion, un nationalisme et une politique sont tous des accident de naissance. J'étais à une rue de naître mon «ennemi»." Paul McVeigh, romancier né à Belfast. J'accompagne photographiquement les mêmes jeunes – du côté protestant et catholique – depuis plus de 5 ans maintenant. Mais très tôt, probablement déjà lors de mon premier voyage à Belfast en 2006, j'ai fait l'expérience que la vie quotidienne de ces enfants de la classe ouvrière est tellement similaire. Ils ont les mêmes problèmes comme le chômage, la toxicomanie, la violence, ils boivent la même bière, écoutent la même musique, portent les mêmes vêtements et ont les mêmes coupes de cheveux. Et bien sûr, de nombreuses décisions politiques affectent les deux de la même manière car ce n'est pas une question de religion mais plutôt d'injustice sociale. Cependant, il semble difficile de dépasser les vieux schémas comportementaux, le conflit est encore profond dans la société et les contacts entre les jeunes sont rares puisque seuls 7% des élèves fréquentent les écoles intégrées. Mon projet montre la croissance de ces adolescents en route vers l'âge adulte sur une longue période de temps.

LIS : How was the edition financed ? Did you go through the services of a publisher or is it self-publishing ? Comment l'édition a-t-elle été financée ? Es-tu passé par les services d'un éditeur ou s'agit-il d'une auto-édition ?

TOBY : The book was published by Kehrer Verlag, but I financed it in advance with a crowdfunding campaign.

TOBY : Le livre a été publié par Kehrer Verlag, mais je l'ai financé à l'avance avec une campagne de crowdfunding.

LIS : How did you pick the photos in the book ? Comment as-tu choisi les photos pour le livre ?

TOBY : I guess I am very quick at editing photos for any project or assignment. I usually know the moment I press the shutter whether the picture is any good or not. Of course, with such an extensive project, the sequence must be right and the type of motifs must be in good proportion. And, as everything was photographed in analogue, the selection process was a little more elaborate from a purely technical point of view – with hundreds of developed films and contact prints. Finally we deliberately made a very classic layout and no frills – it should be all about the photos.

TOBY : Je suppose que je suis très rapide pour éditer des photos pour n'importe quel projet ou mission. Je sais généralement au moment où j'appuie sur le déclencheur si l'image est bonne ou non. Bien sûr, avec un projet aussi vaste, la séquence doit être correcte et le type de motifs doit être en bonne proportion. Et, comme tout était photographié en argentique, le processus de sélection était un peu plus élaboré d'un point de vue purement technique – avec des centaines de films développés. Puis, nous avons délibérément opté pour une mise en page très classique et sans fioritures – tout devait être dans les photos.

LIS : Do you think publishing a book is a necessary step for a photographer's accomplishment ? Penses-tu que publier un livre est une étape nécessaire pour l'accomplissement d'un photographe ?

TOBY : That's hard to say, it depends on what you see as your goals and achievements. The book and the associated awards for the project have brought lots of attention, so that I have been able to make the topic accessible to a wider public. It was useful for me, but others may not need this form of publication because they go other ways. Apart from that I love photo books like to own photo books by other photographers. 

TOBY : C'est difficile à dire, cela dépend de la manière dont vous envisagez vos objectifs et vos réalisations. Le livre et les récompenses associées pour le projet ont attiré beaucoup d'attention, de sorte que j'ai pu rendre le sujet accessible à un public plus large. Cela m'a été utile, mais d'autres n'ont peut-être pas besoin de cette forme de publication parce qu'ils suivent d'autres voies. En dehors de cela, j'adore les livres photo, comme posséder des livres d'autres photographes.

LIS : What characterizes a good documentary photographer for you ? Qu'est-ce qui caractérise pour toi un bon photographe documentaire ?

TOBY : That his work touches my heart and makes me therefore think and at best also act. I believe that only photographers who dedicate themselves with great openness, honesty and empathy to the people they work with can achieve this. You need the perseverance to get into situations that others don't get into. And then to still press the shutter button at the right moment. The viewer always sees the relationship between the photographer and the photographed.

TOBY : Que son travail touche mon cœur, me fasse réfléchir et influe positivement sur mes actions Je crois que seuls les photographes qui se consacrent avec une grande ouverture, honnêteté et empathie envers les personnes avec lesquelles ils travaillent peuvent y parvenir. Vous avez besoin de persévérance pour vous retrouver dans des situations dans lesquelles les autres ne veulent pas se retrouver. Et puis, il faut aussi appuyer sur le déclencheur au bon moment. Le spectateur voit toujours la relation entre le photographe et le photographié.

LIS : What are your influences and inspirations ? Quelles sont tes influences et tes inspirations ?

TOBY : In terms of content the biggest influence is always just what's happening in the world and in my direct environment, then I choose topics to work on. And of course I admire the work and feel it as inspiration of great photographers like Bruce Davidson, Raymond Depardon, Philip Jones Grifftihs, Nick Hedges, Chris Killip, Gilles Peress or John Bulmer, just to name a few... Recently, I have also had collaborations with musicians or writers who work on similar themes and environments. I find that very enriching as well.

TOBY : En termes de contenu, la plus grande influence est toujours juste ce qui se passe dans le monde et dans mon environnement direct et je choisis les sujets sur lesquels travailler à partir de ça. Et bien sûr j'admire le travail et le ressens comme une inspiration les photos de grands photographes comme Bruce Davidson, Raymond Depardon, Philip Jones Grifftihs, Nick Hedges, Chris Killip, Gilles Peress ou John Bulmer, pour n'en nommer que quelques-uns... Récemment, j'ai également eu des collaborations avec des musiciens ou des écrivains qui travaillent sur des thèmes et des environnements similaires. Je trouve cela aussi très enrichissant.

LIS : What great photographic project would you like to realize one day ? Quel grand projet photographique aimerais-tu réaliser un jour ?

TOBY : I actually only think from project to project, because the one I'm working on is always the most important one for me. Of course it would be nice to one day have the means to link all these youth series I'm working on to one big project.

TOBY : En fait, je ne pense qu'au projet en cours, car celui sur lequel je travaille est toujours le plus important pour moi. Bien sûr, ce serait bien d'avoir un jour les moyens de lier toutes ces séries jeunesse sur lesquelles je travaille à un seul gros projet.

To learn more about Toby Binder's book / Pour en savoir plus sur le livre de Toby Binder : Website

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